Rencontre avec FRESH
Rencontre avec Kathryn Woods, guitariste et chanteuse de Fresh, groupe formé à Londres en 2015. Leur dernier album en date, « Withdraw » est sorti en 2019 sur Specialist Subject records. Dans cette interview, nous revenons sur la place des femmes dans le monde musical, de la relation avec leur label, et d’autres détails propres au groupe et leurs chansons.
“When I’m on stage I feel safe” sont des mots qu’on peut entendre dans la chanson « Willa », issue de votre dernier album. Comment tu te portes, loin de cette atmosphère ? Comment t’occupes tu ?
Définitivement, ne pas être capable de jouer et de faire des tournées me pèse.
la collectivité des concerts me manque, ainsi que le côté « cathartique » dans le fait de jouer.
Pendant le confinement nous faisons des démos à distance, et je révise aussi pour les examens de ma dernière année à l’université.
Tu as participé, comme d’autres membres de Fresh, aux concerts transmis en live sur Instagram, et ainsi disponible à travers tous les pays. peux-tu nous parler de cette expérience ? Je pense que ça doit être un peu bizarre…
C’est vraiment différent des concerts habituels. J’aime leur côté accessible, et comme tu dis, tout le monde peut les regarder, n’importe où dans le monde.
Comme je l’ai déjà dit, mes amis du groupe et les ressentis face à un public « physique » me manquent.
L’histoire de Fresh semble avoir commencé grâce à une triste constatation : Il n’y avait pas assez de femmes qui faisaient de la musique selon toi. Après ces années, est ce que tu penses que les choses ont changé ? J’ai l’impression que les groupes de musique sont plus variés en Angleterre qu’ici…
Je pense que ça a changé depuis qu’on a commencé avec Fresh, mais il reste encore énormément à faire.
Malheureusement, les genres marginalisés sont encore rares dans la scène musicale plus large.
Et être seule et vivre cette expérience de groupe uniquement avec des gars, comment gères tu ça ?
Fresh ne part jamais avec des groupes entièrement masculins, donc je ne suis jamais la seule femme lors des tournées.
Il y a eu des incidents en particulier, et des moments où j’ai ressenti cette disparité des sexes dans le groupe, mais c’est plutôt à cause de notre société de merde, à l’opposé de tout ce que les mecs du groupe peuvent contrôler.
Ils sont incroyablement solidaires et déterminés à faire en sorte que je me sente le plus à l’aise possible, au même titre que toutes les femmes dans le monde de la musique.
Votre album “Withdraw” est bien diversifié, et forme un réel plaisir à l’écoute dans son intégralité. On y retrouve énormément de mélodies, ce qui met le côté pop plus présent que la facette punk. Est-ce que tu penses que vous avez trouvé votre identité musicale, ou on peut s’attendre à être surpris dans un futur proche ?
Tout dépend de comment je me sens au moment de l’écriture, ce n’est pas un effort conscient ! Je pense que nous sommes un groupe qui a toujours eu un cool mélange de genres et d’influences, et c’est ce qui forme notre identité.
Est-ce qu’on peut avoir une petite explication de ce qui est représenté sur la pochette ? Qu’est ce que ça représente pour vous ?
C’est un côté d’une chambre, du point de vue de la personne qui se trouve dans le lit.
La lumière est vraiment forte et « chaude », il est environ 6h du matin, il y a vrai sentiment d’anticipation pour la journée à venir mais également un côté réconfortant qui reste de la nuit.
Avec ton regard d’aujourd’hui, quelles sont les plus grands différences entre cet album et votre premier enregistré en 2017 ?
Les membres du groupe sont différents, les voix et la technicité à la guitare sont meilleurs pour ma part, plus d’expériences de vie, plus d’expériences en tant que groupe, tout est simplement étendu et a gagné en profondeur.
Quelles relations entretenez vous avec votre label, specialist subject records ?
C’est passé d’une relation de travail vraiment solide a une véritable amitié, j’admire énormément toute l’équipe là-bas et je me sens vraiment chanceux d’avoir Fresh entre de si bonnes mains.
Kay est très créatif et intuitif, Andrew est une personne formidable vers qui on peut se tourner pendant qu’on est sur la route, Erica est une personne incroyable pour nous garder motivés et enthousiasmés face aux choses à venir et ils sont tous de merveilleux musiciens.
J’adore jouer à Bristol parce qu’on peut en profiter pour voir Domino le chat, boire un bon café et discuter.
Depuis que vos concerts commencent à être répandus géographiquement, être vous encore investis dans votre scène locale ?
Je pense. Certains d’entre nous ont des enfants, d’autres sont très occupés par leurs boulots et par la fac, alors on va pas à autant de concerts qu’on le souhaiterait, mais nous avons toujours envie de découvrir des nouveaux groupes Londoniens et on fait des efforts pour jouer dans des lieux qui ont à cœur les intérêts locaux.
J’ai lu quelque part que tu avais vécu quelques temps en France, est ce qu’il a des groupes que tu aimes et qui viennent d’ici ?
Oui, j’ai vécu au Parc des cévennes en Lozère pendant un an.
J’étudie le Français à l’université. Il n’y avait pas beaucoup de groupes dans ma petite ville mais en général, j’aime Guerilla Poubelle de Paris, et Angèle (elle est Belge mais elle chante en Français).
Est-ce que tu as d’autres passions ? Si oui, est ce que tu les utilisent pour la création musicale et comment ?
J’aime la traduction, le Français, faire pousser mes propres succulentes et courir.
Je reviens avec des bonnes idées de chansons quand je pars pour un long parcours, et mon travail dans la traduction Française est politique, comme ma musique.
Est ce que vous avez d’autres projets de planifiés ?
On a des démos et je suis toujours en train d’écrire, vous en saurez plus quand nous serons prêts !
Est-ce que c’est possible pour toi de prévoir de jouer de la musique acoustique, complètement seule ?
Là tout de suite, je préfère jouer en tant que groupe, j’ai toujours été de cet avis.
Mais ce n’est pas forcément quelque chose dont je suis contre pour l’avenir.
Des tournées ou d’autres projets de prévus aux côté d’autres groupes ?
Nous avons reporté des concerts à la suite du COVID-19, mais ne nous savons pas encore quand. Nous jouons en juillet au festival « 2000 Trees », et nous espérons avoir beaucoup plus de concerts prévus bientôt !
Des lectures à conseiller ?
“The Girl Who Slept With God” de Valerie Brelinski
Ta dernière découverte musicale que tu aimerais partager ?
J’adore l’album de Shannen Moser.
— Propos recueillis par Arno
Interview with Kathryn Woods by mail, guitarist and singer of Fresh, a band formed in London in 2015. Their latest album, « Withdraw » was released in 2019 on Specialist Subject records.
In this interview, we speak about the place of women in the musical world, the relationship with their label, and other details specific to the band and their songs.
“When I’m on stage I feel safe » are words we hear in « Willa » from your latest album. How are you, far from all this atmosphere? What are you doing to pass the time?
Being unable to perform and tour is definitely taking its toll on me. I miss the collectivity of shows and how cathartic playing is. While we’re on lockdown we’re trying remote demoing, and I’m revising for my final year university exams.
You have participated, like other members of Fresh, in live broadcasts on Instagram, what does it feel like when you play your songs alone in front of people from all over the world? I guess it’s pretty strange …
Its really different from a more traditional show. I like that they’re more accessible and, as you said, people can watch from anywhere in the world. That being said, I miss my bandmates and the feel of a physical crowd.
Regarding the history of the Band, fresh seems to have started with a sad observation: There were not enough women who made music according to you. After these years, do you think things have changed? I have the impression that in England, bands are more diverse than here …
I think it’s changed since Fresh started, but there’s still so much work to do. Unfortunately marginalized genders are still a rarity in the wider music scene.
And being alone and living this band experience only with men, how do you deal with it ?
Fresh never tours with all-cis-men bands, so I’m never the only woman on tour. There’s been specific incidents and times where I’ve felt that gender disparity in the band, but that’s because of our shitty society as opposed to anything my bandmates can control. They’re incredibly supportive and committed to making me and women as a whole in music feel more comfortable.
Your album « Withdraw » is well diversified, and forms a real pleasure when I listen the whole thing. There’s a lot of melodies, putting the pop side more prominently than the punk side. Do you think you have really found your musical identity or can we expect to be surprised in the near future ?
It all depends on how I feel at the time of writing, it’s not a conscious effort! I think we as a band have always had a really cool blend of different genre influences, and that in itself is our music identity.
Can you give me a little explanation behind the cover of this album? What does this represent for you ?
It’s one side of a bedroom from the perspective of the person in the bed. The light is really strong and warm, it’s six or so in the morning, there’s a real feeling of anticipation for the coming day but there’s also a comforting sense that’s left over from the night.
With your look today, what are the big differences between this album and your first release in 2017 ?
Different members, better vocal and guitar technique on my part, more life experience, more band experience, it’s all just expanded and gained more depth.
What relationships do you have with your label, specialist subject records ?
It’s gone from a really solid professional working relationship to a genuine friendship, I admire all of the team there so much and I feel truly lucky to have Fresh in such good hands. Kay is very creative and intuitive, Andrew is a great person to depend on tour, Erica is an amazing force for keeping us motivated and excited about upcoming things, and they’re all wonderful musicians. I love playing in Bristol because it means we get to see domino the cat, drink great coffee and have a chat.
Despite your show are starting to spread geographically, are you still involved in your local scene ?
I think so. Some of us have children, some of us are very busy at work and at uni, so we don’t get to go to as many shows as we want to, but we’re always keen on discovering new London bands and we make an effort to play venues that have local interests at heart.
I read somewhere that you had lived a little bit in France, are there any bands that you like and that come from here?
– Yep, I lived in the Parc des Cévennes in Lozère for a year. I study French at university. Il n’y avait pas trop des groups dans mon petit ville mais, en générale, j’aime guerilla poubelle de Paris et Angèle (elle est belge mais elle chante en français).
Do you have other passions, if yes, do you use them in musical creation, and how ?
I love translation, French, growing my own succulents, running. I come up with good song ideas when I’m on a long run, and my work in French translation is political like my music.
do you have a project planned, after your album from last year? if yes, can you tell us a few words ?
We have some demos and I’m always writing, more on that when we’re ready!
Is it possible for you to planned to play acoustic music, totally alone ?
Right now, I prefer playing as a band, I’ve always been a band person. but it’s not something. That I’m totally set against in the future.
Tours or other things alongside other bands ?
We have rescheduled shows as a result of COVID-19, but we don’t exactly know when. We are playing 2000 trees festival in July, and hopefully will have lots more shows planned soon!
Readings to advise? (comics,novels…)
The Girl Who Slept With God by Valerie Brelinski
Your last musical discovery that you would like to share?
I love Shannen Moser’s album, I’ll Sing.
— Propos recueillis par Arno