Rencontre avec NEUROTIC FICTION
LABELS : Specialist Subject Records //
Après leur premier album « Pulp Music », Neurotic Fiction reviennent cette fois-ci avec 4 titres soignés et une musique alternant avec un naturel déconcertant le surf, la pop et le post-punk.
Nous avons interpellé Livi, par mail pour en savoir un peu plus sur « Romance ».
Des petites blagues glissés dans les morceaux à la cohérence des artwork choisis, et un regard sur le monde porté au peigne fin, voilà ce que cet interview nous dévoile.
Votre musique se détache un peu de ce que sort habituellement Specialist Subject Records. Vos influences sembles bien diverses et changeantes selon les morceaux. Et vous, comment définiriez vous votre musique, de la manière la plus simple possible ?
C’est de la musique pop jouée par des gens dont l’éducation était basée sur le punk.
Quelle est l’histoire de l’artwork de « Romance » et comment faut -il l’interpréter ?
Notre amie et camarade de label Erica Freas a conçu l’artwork à partir d’un peu d’imagerie tirée de l’une des chansons de l’EP. C’est une fourchette qui est tapée contre un verre, comme avant que quelqu’un ne fasse un discours sentimental à un mariage ou quelque chose comme ça. C’est une référence à l’événement un peu historique qui est souvent cherché dans la vie romantique d’une notre LP « Pulp Music » qui a été conçu par Caio Wheelhouse – Celui-ci était une main serrant un pamplemousse.
Si il fallait trouver un seul point commun avec celui-ci et les 4 morceaux qu’il contient ?
Les chansons sont toutes au sujet de l’amour et la vulnérabilité associée, comment l’expérience se nourrit ou défie l’ego, comment l’amour queer pourrait imiter ou rejeter la trajectoire traditionnelle. La chanson « Mi Mi Mi Mascota » est un récit de quelqu’un qui est profondément embarrassé par le comportement de son partenaire lors d’un événement prestigieux – il envisage une tendance dommageable à se rapporter à un partenaire comme une extension de lui-même, son représentant. C’est une chanson courte et stupide sur le moment, où par la suite certains arrivistes se rendent compte que leur partenaires sont sur le point de ruiner leurs chances de paraître normaux et l’artwork, nous l’espérons, transmet cette fraction nauséabonde où une sorte de faux-pas est le lancement et où il est trop tard et qu’il n’y a plus rien à faire.
Pouvez-vous nous raconter quelques anecdotes, quelques histoires et évènements qui forgent l’identité de « Romance » et qui font de lui un projet unique ?
Woah, he bien c’est comme si cela faisait une éternité que nous faisions cet EP , maintenant plus d’un an depuis qu’il a été enregistré!
C’était cool d’écrire d’une manière plus coopérative sur celui-ci, en particulier avec Jessie qui a rejoint le groupe juste avant que nous avons enregistré le LP précédent, donc elle n’avait pas vraiment eu la chance de contribuer au processus d’écriture à ce moment-là, et elle a apporté quelques mélodies vocales vraiment agréables et des parties de clavier à ce nouvel EP.
Je suis heureuse de retrouver dedans quelques blagues stupides comme une section D-beat et un discours de ride (cymbale) en référence.
J’ai aussi réussi à infiltrer une référence Funkadelic dans les paroles sans que les autres s’en rendent compte et ce depuis un certain temps.
Il me semble que Rory s’est déjà retrouvé à chanter dans divers projets, ce qui est peut être également le cas pour d’autres membres du groupe. Vous avez donc fait le choix d’apporter deux voix principales pour coloriser à votre manière ce 7inch et pas une de plus ??
Nous avons eu le bug pour le double-chant juste au commencement du groupe, nous n’étions pas sûrs, mais je me souviens de notre ami qui a enregistré notre démo (Jon Mohajer, qui joue dans Artefact) en disant que les deux voix simultanées lui avait rappelé le style des « girlgroup » des années 60.
J’aime ce mur-de-son un peu surfy, avec une production esthétique, je suppose que le reste de notre musique a une production assez sèche donc je pense qu’il contraste bien. Les voix principales sur l’EP sont donc celles de Jessie ainsi que la mienne, Rory fait également quelques caméos avec sa voix mais oui je suppose que c’est moins que ce que nous avions déjà fait, je pense pas que ce soit une décision consciente, c’est juste comme cela que les chansons ont été écrites.
Les paroles semblent être particulièrement importantes dans votre musique, et c’est assez flagrant à l’écoute de « Leather, Bristles, Studs, Acne » qui propose un texte soigné. Pouvez vous nous renseigner un peu plus sur l’histoire de ce morceau ?
Ouais, c’est une réflexion sur la façon dont on pourrait ressentir le fait d’être une personne queer plus âgé.ée, sûrement après avoir vécu toute une vie dans un placard, rejeté.ée par la société dominante, et de voir les jeunes queers déchirer la ville dans une tempête d’exhibitionnisme polyamoureux. En tenue de servitude.
Est-ce que le ressentiment envers les bénéficiaires de cet activisme, face à ceux qui ont combattu toute leur vie pour la liberté, maintenant qu’’ils voient toute une génération à venir qui vit comparativement la chose facilement, forme un processus émotionnel que tout le monde pourrait traverser ?
Je ne sais pas si c’est une expérience dans laquelle tout le monde pourrait s’identifier, mais mon expérience face aux personnes LGBT plus âgées est positive, mais il est intéressant d’examiner la chose.
Peut-être que des comportements réactionnaires comme la transphobie dans le mouvement féministe sont nés de ces sentiments et expériences complexes.
La plupart de nos chansons explorent le genre d’émotions humaines avec lesquelles on pourrait compatir, mais dont on aurait honte parce qu’elles sont les plus intéressantes.
y’a-t-il des exigences que vous vous imposez à vous-mêmes pour illustrer votre musique?
Je pense que vous demandez comment nous écrivons de la musique?
Je ne pense pas…
Nous ne sommes pas le groupe le plus productif qui ait jamais existé… nos exigences étaient peut-être de finir les chansons. Pas seulement des versions reggae parodiées des idées inachevées, ce qui est bien sûr toujours la tentation.
S’il ne fallait garder qu’un morceau de « Romance » quel serait votre choix, et pour quelles raisons ?
« Happy Goth » , c’est la seule chanson qui est positive et sans honte dans les paroles, et la façon dont nous l’avons écrite était particulièrement satisfaisante, plus collaborative que précédemment. Je pense que c’est la meilleure chanson pop sur le disque et j’aime la façon dont elle est finalement sortie grâce à la production.
Etes vous plutôt introvertis ou extravertis ?
Je ne succomberai pas à cette oppression binaire !
Quel rôle la musique joue pour vous et quel impact a ce groupe sur vos personnalités ?
Je pense que nous obtenons tous des choses différentes de la musique, mais c’est sûr que cela a été notre vie sociale, la communauté et l’exutoire créatif pour nous tous depuis l’adolescence.
J’ai réalisé l’importance que c’est de faire parti d’une scène, où le style de musique qu’on joue :le plus intéressant c’est d’être autour de gens créatifs pour s’inspirer de l’art et de la productivité de l’autre, c’est tellement différent de la « vraie vie ».
Comme Sean produit de la musique électronique maintenant et est bien dans ce qu’il fait, ce qui est évidemment esthétiquement vraiment différent, on peut toujours voir la même excitation, l’autonomisation et la communauté de cette scène.
Est-ce que les membres de votre groupe pratiquent d’autres formes d’arts ?
Rory est dans un groupe hardcore appelé Gimic, Sean fait des beats sous le nom de Sertee, Jessie est dans un groupe post-punk appelé Penny Lope avec Rosey qui avait aussi l’habitude de chanter dans Neurotic Fiction.
Etes-vous déjà venu en France pour jouer ? si la réponse est non, est ce une idée envisageable par la suite ?
oui ! Nous avons joué à Lille dans un café gaming en tournée avec Doe.
Je me souviens avoir bu un bon jus de pomme et avoir obtenu un selfie avec une découpe en carton grandeur nature de ce gars de la légende de zelda.
Pouvez-vous nous partager vos dernières découvertes musicales, et la série que vous regardez en ce moment ?
Eh bien, j’ai du mal à suivre les dernières sorties, mais dernièrement j’aime le LP de « Das Das », je pense qu’ils sont de Berlin.
J’aime aussi le groupe RMFC d’Australie et l’album récent de Brigid Dawson de Thee Oh Sees.
J’écoute ceux là entre les sessions avec Jefferson Airplane et Sun Ra.
En séries télévisées? Je regarde « Pose » qui est un peu ringard, mais aussi assez instructif et amusant.
— Propos recueillis par Arno
LIENS VERS NEUROTIC FICTION
Your music is a bit detached from what Specialist Subject Records usually comes out. Your influences seem very diverse and changing depending on the pieces. And you, how would you define your music, in the simplest way possible?
It’s pop music played by people whose upbringing was based in punk.
What is the story of the artwork of « Romance » and how should it be interpreted?
Our friend and labelmate Erica Freas designed the artwork based on a bit of imagery pulled from one of the songs on the EP. It’s a fork being tapped against a glass, like before someone makes a sentimental speech at a wedding or something. It’s a reference to the kinda landmark event which is often strived for in a person’s romantic life. It’s intended to be a visual sequel to the artwork from our LP Pulp Music which was designed by Caio Wheelhouse – that one was a hand squeezing a grapefruit.
What if we had to find one thing in common with this artwork and the 4 songs it contains?
The songs are all about love and the associated vulnerability, how the experience feeds or challenges the ego, how queer love could mimic or reject the traditional trajectory. The song ‘Mi Mi Mi Mascota’ is an account of somebody who is deeply embarrassed by their partner’s behaviour at a prestigious event – it contemplates a damaging tendency to relate to a partner as an extension of yourself, your representative. It’s a short and stupid song set in the moment when some social-climber realises their partner is about to ruin their chance at seeming normal and the artwork hopefully conveys that nauseating splitsecond when some sort of faux-pas is launching and there’s nothing you can do.
Can you tell us some anecdotes, some stories and events that forge the identity of « Romance » and that make it a unique project?
Woah, well it feels like a long time ago that we were making this EP – more than a year since it was recorded! It was cool to write in a more co-operative way on this EP – particularly with Jessie who joined the band just before we recorded the LP so she hadn’t really had a chance to contribute to the writing process at that point, and she brought some really nice vocal melodies and keyboard parts to this EP. I’m pleased we got some dumb in-jokes like a D-beat section and a little ride-cymbal ‘speech’ reference in there, some of the practices we had felt like this was gonna come out as some kinda whacky prog throwback but I think it’s just about still passable. I did manage to sneak a Funkadelic reference into the lyrics without the others realising for quite some time.
I think that Rory has already found himself singing in various projects, which may also be the case for other members of the band. So you made the choice to bring two main voices to color in your way this 7inch and not one more ??
We got the bug for the double-vocals right at the start of doing the band, we weren’t sure but I remember our friend who recorded our demo (Jon Mohajer, who plays in Artefact) saying it reminded him of the 60’s girlgroup style of doubletracking the vocals. I like that wall-of-sound kinda surfy production aesthetic, I guess the rest of our music has quite dry production so I think it contrasts nicely. So the main vocals on the EP are Jessie’s and mine, Rory does cameo a little on the vox but yeah I guess less than we’ve previously done, I think that wasn’t a conscious decision, just how the songs were written.
The lyrics seem to be particularly important in your music, and it’s pretty obvious when you listen to « Leather, Bristles, Studs, Acne » which offers a neat text. Can you tell us a little more about the history of this song?
Yeah it’s a reflection on how it might feel to be an older queer person, maybe having lived a whole live in the closet, maybe rejected by mainstream society, and see young queers tearing up the city in a storm of polyamorous exhibitionism. In bondage gear. I wonder if resentment towards the beneficiaries of your activism is a natural emotional process that someone might go through, if they’ve fought their whole lives for freedom and they see a whole generation coming up who has it comparatively so easy. I don’t know if that is an experience that anyone would actually identify with, and for sure my experience of talking to older LGBT people is positive, but it’s interesting to contemplate. Maybe reactionary behaviour like transphobia in the feminist movement is born out of these complex feelings and experiences. Most of our songs explore the kind of human emotions which you can empathise with, but would be ashamed of – cos they’re the more interesting ones.
Are there any requirements that you impose on yourself to illustrate your music?
I think you’re asking about how we write music? I don’t think so. We’re not the most productive band that ever existed… our requirements were maybe to actually finish the songs. Not just jam spoof reggae versions of the unfinished ideas, which of course is always the temptation.
If you had to keep only one song of « Romance » what would be your choice, and for what reasons?
Happy Goth – it’s the only song which is unashamedly positive in the lyrics, plus the way we wrote it was particularly satisfying, more collaborative than previous. I think it’s the best pop song on the record and I like how it’s come out production-wise.
Are you more introvert or extrovert?
I won’t succumb to this binary oppression!
What role does music play for you and what impact does this group have on your personalities?
I think we all get different things from music – but for sure it has been our social life, community, and creative outlet for all of us since adolescence. I’ve realised how unimportant which scene you’re in or what type of music you play is – the big thing is being around creative people to get inspired by each other’s art and productivity, that’s so different from ‘real life’. Like Sean produces electronic music now and is way into that, which is obviously aesthetically really different but you can see the same excitement, empowerment and community in that scene.
Do members of your band practice other forms of art?
Rory is in a harcore band called Gimic, Sean makes beats under the name Sertee, Jessie’s in a post-punk band called Penny Lope with Rosey who used to sing in Neurotic Fiction too!
Have you ever come to France to play? if the answer is no, is that an idea that can be real soon ?
We have! We played in Lille in a computer game cafe on tour with Doe. I remember having some nice apple juice and getting a selfie with a life-size cardboard cutout of that guy from the legend of zelda.
Can you share with us your latest musical discoveries, and the series you’re watching right now?
Well I’m terrible at keeping up with new releases but lately I like this LP by this band Das Das, I think they’re from Berlin. I like the band RMFC from Australia. And the recent LP by Brigid Dawson of Thee Oh Sees. I listen to those in between sessions with Jefferson Airplane and Sun Ra. TV series? I’m watching Pose which is kinda cheesy but also pretty informative and fun.
— Propos recueillis par Arno