Avant-première // ANOTHER FIVE MINUTES
ANOTHER FIVE MINUTES (AFM) a accepté de répondre à nos questions dans le cadre de la sortie en avant première du morceau Moving Zone, en exclusivité sur HIWWAT. L’occasion de vous livrer un « article-cocktail » avec interview, un commentaire du groupe sur le morceau et sur leur futur album.
Si je ne me trompe pas, ça fait presque 6 ans que votre dernier EP est sorti. Qu’a fait Another Five Minutes pendant ce temps ?
En effet, notre EP « Half Empty » est sorti en 2015. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, on n’a jamais vraiment arrêté depuis. Tout d’abord, il y a eu des changements de line-up : Julien, le guitariste fondateur, est parti et on a choisi de continuer en trio. On a fait quelques tournées ainsi, tout en commençant à composer l’album tous les trois. Puis Matth, le bassiste qui était également à l’origine du groupe, a également décidé de le quitter. Il a été remplacé par Kevin (avec qui Flo et Seb avaient déjà joué auparavant) en 2019.
Les changements de line-up, la vie de tous les jours, mais aussi et surtout les side-projects et les projets professionnels de chacun, nous ont forcément un peu ralenti. Covid ou non, on s’est dit qu’on allait pas encore décaler cette sortie.
Le nom de votre album est « Fil Rouge », que l’on peut voir représenter sur l’artwork. Comment celui ci a été construit?
Nous avons commencé l’écriture de l’album en 2015, peu de temps après le départ de Julien. Chaque chanson a été composée en répète, souvent à partir d’une idée de riff de guitare ou d’un rythme de batterie. On a quasiment toujours fonctionné ainsi : on compose spontanément, et ensuite on peaufine en discutant des détails.
Et même si tous les morceaux étaient quasiment écrits, l’arrivée de Kevin a changé beaucoup de choses : il a gardé certaines lignes de basse de Matth, et s’en est réapproprié ou en a écrit d’autres. Le fait qu’il ne vienne pas de cette scène a aussi fait évoluer le regard que nous avions sur nos titres. On peut dire qu’on a eu une approche assez pop de cet album, d’un point de vue écriture en tout cas. Par rapport à nos anciens disques, on a pris beaucoup plus de temps sur le placement des voix, les arrangements, les ambiances, etc.
Quelle signification apportez vous à ce titre ?
Le nom et le concept visuel nous sont venus lors de l’enregistrement de l’album l’année dernière. Tout d’abord, comme cela a été dit avant, on a pas toujours été constants au niveau des sorties de disques et des concerts. Les membres du groupe changent, nos goûts musicaux et nos envies/attentes aussi. C’était un petit clin d’œil ironique à la recherche d’une continuité potentiellement difficile à trouver.
Mais il existe également une lecture plus concrète de tout ceci. Nous avons enregistré l’album dans une ancienne maison de campagne ayant appartenu aux grand-parents de Flo. Certaines choses, notamment matérielles dans ce cas de figure, ne bougent jamais et on pense qu’avoir la possibilité de se rattacher à ses propres « fils rouges » est très important. Notre premier single « Perpetual Calendar » évoque ce thème et cette maison.
Tout ceci se retrouve également sur la pochette, réalisée par notre talentueux ami Pierre (Isogram), qui avait également travaillé sur celle d’Half Empty. Il s’agit d’une broderie au fil rouge, qu’il a effectué sur l’une de ses photographies analogiques.
Votre album a été disponible en précommande sur cassette dans un premier temps. Pourquoi avoir privilégié ce support ?
Nous ne voulions pas décaler la sortie de l’album, cela faisait déjà trop de temps depuis le dernier disque. Le projet était à la base de sortir cet album digitalement dans un premier temps, puis sur vinyle au moment où les concerts pourraient reprendre. L’année dernière, peu de temps après nos sessions d’enregistrement, Duality Records nous ont écrit et nous ont proposé une collaboration autour d’une sortie cassette et on s’est dit que c’était une bonne idée ! On est ravi car les cassettes sont magnifiques, et puis pour les vinyles (et la release party qui va avec) ça attendra encore un peu.
Le piano est bien présent dans vos nouveaux morceaux. Était ce compliqué à introduire ?
Les parties clavier ont été composées et enregistrées par Flo pendant le premier confinement. On avait déjà les pistes de batteries et guitares. Le bon côté de cet étrange calendrier, c’est qu’on disposait de beaucoup de temps pour écrire ces arrangements, tester des sons et modifier des choses. Flo envoyait ses claviers à Clément (qui a enregistré et mixé l’album), il les incorporait à distance aux morceaux au fur et à mesure et on écoutait et validait ça chacun de notre côté.
Est ce que d’autres choses ont été testées mais par la suite abandonnées ?
Les structures des morceaux n’ont quasiment jamais bougé. On s’est surtout permis d’essayer plusieurs choses au niveau de la basse, des voix et des arrangements, que ce soit lors des sessions d’enregistrement ou à distance lors des confinements. D’habitude le studio est une course contre la montre, certaines choses passent un peu à la trappe et on finit légèrement frustrés de ne pas avoir été plus loin sur certains aspects. Sur Fil Rouge, même si nous n’avions pas le confort d’un studio moderne (entre la vieille maison aménagée pour l’occasion et les enregistrements/discussions à distance), on a quasiment pu tester tout ce qu’on voulait musicalement.
Tout un mélange de styles se retrouve dans vos morceaux. Est ce que cette identité ressort de façon naturelle ? Comment les éléments qui se succèdent finissent par prendre leur place de manière définitive ?
Nous avons essayé de moins nous brider, de moins coller aux standards de la scène Screamo ou Emo Hardcore. C’est aussi pour cela que certaines chansons ou passages partent plus vers du Post-Rock, d’autres vers de l’Indie et d’autres encore vers du Shoegaze. La recherche perpétuelle de la cohérence absolue empêche les surprises. La continuité est présente, qu’elle soit recherchée ou non, il s’agit des trois mêmes musiciens tout au long de l’album. Cela nous permet juste d’avoir des chansons et un set live beaucoup plus nuancés.
// DESCRIPTION DE MOVING ZONE //
Moving Zone est une des chansons les plus anciennes de l’album. Elle est assez différente des deux singles que nous avons déjà sortis, peut-être plus emo/screamo. On a toujours eu peur des longueurs avec AFM, mais pour une fois on s’est octroyé une longue intro instrumentale. Pour ce qui est des paroles, il s’agit peut-être d’une des chansons les plus personnelles de l’album. Ça parle de confiance en soi, du fait de ne pas toujours se fier à l’image que certaines personnes renvoient d’elles-mêmes, des instabilités psychologiques et émotionnelles.
// DESCRIPTION DE L’ALBUM //
Notre premier album FIL ROUGE sort le 5 février prochain. Il sera disponible sur toutes les plateformes de streaming mais aussi en cassette via le label Duality Records. Les 10 titres ont été enregistrés entre mars et juin 2020 : une première session d’une semaine dans une vieille maison de campagne, des enregistrements/échanges à distance pendant le confinement et une dernière session de quelques jours dans une autre maison. L’album a été enregistré et mixé par Clément Adolff (qui monte actuellement un studio en Alsace) et masterisé par Brad Boatright d’Audiosiege. La pochette est encore une fois signée Isogram.
— Crédit photo : Benjamin Roos
— Propos recueillis par Arno