Brave Faces Everyone // SPANISH LOVE SONGS
« Brave faces Everyone » a mobilisé l’attention d’un public assez vaste, avant même son premier single « Losers » sorti il y a déjà 11 mois, pour un album mis à disposition dans son intégralité il y a seulement une quarantaine de jours.
Qualifié d’ « album de l’année » dès les premiers jours de sa sortie officielle sur les réseaux, comme les gens s’en étaient amusés avec « Morbid Stuff » des canadiens de PUP, la comparaison avec ce dernier ne s’arrête pas là.
C’est dans une certaine morosité similaire à celle évoquée au fil des morceaux de ce dernier que « Brave Faces Everyone » vient nous chercher et faire vibrer à son tour notre corde sensible.
« Routine pain » a la lourde tâche de dévoiler les premières secondes d’un contenu de 40 minutes, parfois déterminantes pour certains d’entre nous, et du coup à l’écoute de celle-ci, on ne reste qu’impatient d’entendre la suite.
Le message est délivré de la plus belle des manières, et les poils s’hérissent. On en est déjà là !
Le côté Emo de Spanish Love Songs transpire, et le premier refrain est balancé ici, juste après une voix basse et tremblante, venant ralentir le tempo et l’ensemble de ses musiciens mais accélérant notre rythme cardiaque face à ce surplus d’émotions.
Ce ressenti se renouvellera à plusieurs reprises tout au long de l’album, grâce à cette formule répétée créant un gimmick propre à l’identité du groupe, que l’on pouvait déjà retrouver dans « Schmaltz ».
« Self Destruction (as a sensible carrer choice) » vient confirmer que l’ambiance peinte dans ces 10 titres sera bien éloignée de la joie :
« It’s like I’m falling deeper and deeper. Thinking someday I’ll just need a miracle, But I need about 30 goddamn miracles. »
et qu’on sortira de celle-ci autant confus que pendant notre écoute, au même titre que Dylan Slocum, à la guitare et au chant, qui est également derrière toutes les paroles : « I can’t keep my head above the nonsense ».
Tous les morceaux semblent être lancés dans une même compétition dont le but serait de s’approprier le meilleur refrain, à tel point que mettre de côté un seul titre serait un exercice tout simplement impensable.
La face A se termine donc avec « Beachfront Property » , juste après « Generation Loss » et « Kick », et apporte une certaine résilience, malgré le côté dépressif qui créé la particularité de cet album :
“If every’ city’s is the same. Doom and gloom under a different name. Maybe we should find our home in one ?”
avant de terminer sur cette phrase, qui nous laisse à nouveau rempli de doutes : « I’m tired anyway, Why the hell would I care ? »
Il est intéressant de préciser que le scepticisme vis-à-vis des situations vécues et évoquées ici par Dylan Slocum saute aux yeux, à la lecture des textes, avec des contradictions se trouvant à plusieurs minutes d’intervalle, comme son ressenti sur le temps qui passe : « I know that life is long enough » se glisse dans « Generation Loss », « you know life isn’t long enough » avec « Dolores » en guise d’interlude un peu tardive, qui vient ralentir le rythme.
« Brave Faces, Everyone » vient pourtant clôturer l’album avec cette avant dernière phrase : « Life’s just very long ».
Dès les premières minutes de la face B, il est inévitable de penser à ce que la tristesse apporte aux artistes, dans le sens où elle permet parfois d’extraire en eux ce qu’ils peuvent faire de mieux. Le premier album qui me vient en tête pour donner un exemple est « Stage Four » l’album incroyable balancé par Touché Amoré ayant comme thème principal le décès de la mère de Jeremy Bolm.
« Losers 2 » m’a transporté plus d’une fois, m’immobilisant dans tous mes faits et gestes lors de son écoute. Comment ne pas être affecté par ce qu’elle comporte ?
“do you know you were born to die poor man ?
Don’t you know that you’re gonna do yourself in ?
And you’ll always wake up tired
cause there’s nowhere we go from here.”
La suite me pousse toujours dans une intimité qui me semble sur le moment réellement partagée, face au sentiment de fuite que certains d’entre nous aimerait adopter à de nombreuses reprises au cours de notre existence : « fuck I don’ t want to be the last one standing. So I’m leaving the city, maybe the country, maybe the earth, gonna find a place on my own, where fuckups aren’t cops.”
Malgré tous les côtés qui me permettent d’adorer cet album, j’ai quand même une petite déception face au synthé, qui n’est pas assez mis en avant selon moi. J’adore cet instrument, et je trouve qu’il n’est pas assez exploité, ou alors mes oreilles ne sont pas assez aiguisées…
La chose est quand même rattrapée facilement avec des guitares puissantes, et des mélodies attachantes, qui apportent un soutien admirable à tout cet ensemble, triste, mais d’une beauté incroyable.
Qu’est ce qui fait la force de cet album, et qui le démarque des autres sorties de l’année ?
Il crée en moi le sentiment qu’il a été écrit uniquement pour ma propre personne, dans mon individualité, alors qu’en fait, il nous concerne probablement tous :
« OUI, c’est la merde et personne le vit de la même façon, mais on restera fort malgré tout, courage à tous », voilà ce que semble vouloir signifier « Brave faces everyone » et les dernières phrases qu’il contient :
« We don’t have to fix everything at once
We were never broken
Life’s just very long
brave faces everyone ».
— Arno