Militarie gun – Life Under The gun
J’en ai tout d’abord voulu à Militarie gun, dès que mes yeux se sont posés sur la tracklist.
Choisir les trois premiers morceaux de son album pour en faire trois singles successifs, c’était pour moi un pari très risqué. Mais avec « Life Under The Gun », Militarie Gun démontre d’une manière bluffante qu’ils dérogent à la règle, piste par piste. Oui, presque tous les morceaux ont le potentiel pour être mis en avant en tant que singles.
« Do It Faster » entame les hostilités, et il ne faut pas plus de 50 secondes pour entendre l’habituel aboiement de Ian Sheldon. Premier single sorti, le morceau dévoilait il y a quelques mois déjà, nos questionnements sur un éventuel tournant musical très intéressant.
Les couplets envoyés avec une rage qui leur est propre depuis la création du groupe en 2020 et un refrain beaucoup plus chanté et mélodique, promettait alors un album rafraichissant pour un bel été.
On croirait même entendre la voix de Deryck Whibley de sum 41.
C’est donc avec « My Friends are Having A Hard Time » que j’arrive pour la première fois en terre inconnue. La transition est tout d’abord parfaite avec le sujet abordé dans le morceau précédent « Will Logic », dans lequel Ian se confie, pour la première fois dans cet album et en profondeur, sur les relations humaines et plus précisément l’amitié. Les coups de couteaux dans le dos reçus et évoqués dans « will Logic », alors accompagnés d’une remise en question des relations amicales, précèdent un texte remplie d’empathie, directement destiné à l’entourage de Ian Shelton, se sentant impuissant : « My friends are having, My friends are having a hard time / Just wish it could change / I wish I could help / To reach inside to change what is felt.
La notion du temps est souvent évoquée en globalité dans cet album, les textes n’abordant pas qu’ une période présente et vécue actuellement, mais plutôt un mélange intéressant d’une personnalité évidemment façonné par des évènements passés, avec les pieds sur terre et un regard tourné vers l’avenir. D’autres lignes de ce morceau résument bien l’idée : « Or I, I cried all the time / Now it happens / Now it happens in mine / Wondering when I’ll be just fine.
Frissons garantis.
La dernière composition, qui donne son titre à l’album, et qui cloture donc l’album, condense aussi l’importance apportée à la temporalité, à ce long chemin sinueux qu’est la vie : « How am I supposed to trust who I’ll be in a day? », avant de profiter une dernière fois du micro : « A life of pursuit ends up pursuing you ».
Des surprises, il y en a dans tous les sens. Militarie Gun prennent même des directions qu’on ne pouvait prédire. Jamais je n’aurais pensé avoir la possibilité d’imaginer inviter ma copine à danser un slow sur une chanson de Militarie GUN, mais « Sway Too » n’arrive pas à me retirer cette possibilité de la tête. J’irai même plus loin en vous avouant que je me suis également imaginé à chantonner comme une comptine la piste suivante, « See You Around », à mon bébé en bas âge (totalement fictif je précise).
La créativité débordante de Militarie Gun fait des ravages chez moi. Ces 12 morceaux boost mon imagination. Ce qui est plutôt convaincant ici, c’est que Life Under The Gun en fait ressentir des choses ! Vous l’aurez compris, « Life Under The gun », c’est un peu le « NIMROD » de Militarie Gun, délivré de manière précoce. Un tournant musical assez radical, délivré ici dès le premier album, et un tournant qui va tout autant faire parler, ça c’est certain.
Les titres ravageurs et hardcore des premières heures laissent place à un style pop/rock bien enragé, délivré avec un énergie similaire et une finalité proposant des mélodies encore plus efficaces qu’auparavant.
En parlant de Green day, je me sens obligé de préciser que j’entends une grande influence dans Seizure of assets, avec une rythmique me rappelant « Know your enemy » en intro et pendant le refrain, et un retour en arrière avec l’époque « Warning » pendant les couplets.
Si on avait entendu,en 2021 « Never Fucked Up Once » et ses sonorités College Rock aux côtés de « Big Disappointment », déjà présente sur le volume 2 de All Roads Lead To The Gun, on aurait signalé assez vite une grande incohérence dans les sonorités. Ces deux titres sont pourtant désormais côté à côte avec une version réenregistrée du deuxième morceau cité, mais aucune confusion ne se fait ressentir.
Avec cet album, MILITARIE GUN a fait le choix de faire ce qu’ils aiment vraiment, d’aller à contre sens des attentes, en prenant le risque de perdre une bonne partie du public conquis jusqu’ici.
Mais en agissant de la sorte, Militarie Gun ouvre désormais un bon nombre de portes, un peu à l’image de Turnstile avec « Glow On ».
Vous n’avez pas fini d’entendre parler d’eux.
— Arno