NOFX // Single Album
Je ne sais pas comment on peut juger un album si vite, surtout quand notre premier avis est négatif. J’ai écouté des tonnes d’albums que j’ai apprécié dès leurs sorties, et les écoutes étaient tellement nombreuses et répétitives que j’ai fini par être écœuré.
A contrario, j’ai mis d’autres fois beaucoup plus de temps à rentrer dans d’autres albums, et ceux-là ont finalement gagné en longévité et ont majoritairement trouvé une petite place à durée indéterminée dans un coin bien rempli et probablement assez flou de mon cerveau.
Avec “Single Album”, NOFX ont fait parler d’eux, même beaucoup parler d’eux, et ils ont été jugés un peu trop vite à mon goût ! Il y a eu énormément de déceptions, tellement que j’ai décidé d’aller écouter ce qui paraissait si horrible, pour juger par moi même, et me forger mon propre avis, alors que j’avais pourtant lâché le groupe après l’époque “Coaster” ( 2009).
Voilà les principaux reproches, destinés au groupe et à leur musique pour ce nouvel album :
– La majorité des morceaux dévoilés ne sont pas nouveaux.
En effet, un bon paquet d’entre eux étaient déjà présents sur les “7” of the month club 2020”, un abonnement pour recevoir deux morceaux sur un vinyle, tous les mois, tout au long de l’année.
Certains ont même été mis en avant par des clips, et en sachant que NOFX voulait dans un premier temps sortir un double album, mais ont décidé de n’en sortir qu’un ( d’où le titre de celui-ci), je comprends pourquoi ceux qui suivent de près le groupe et ayant payé pour cet abonnement ont été bien déçus à la sortie de l’album :
Sincèrement quel est le sens de cette idée ? Vouloir enregistrer un double album, changer d’avis, et garder quasiment uniquement les morceaux déjà sortis … pour ensuite annoncer qu’il y aura probablement le reste de la session d’enregistrement qui sortira un jour où l’autre…
– L’inspiration est complètement absente dans cet album.
Alors … Dans un premier temps, j’avais arrêté d’écouter NOFX parce que je trouvais qu’après Coaster, le groupe tournait en rond.
En lisant tous ces commentaires de personnes qui étaient lassées, je me suis juste dis que j’en avais probablement eu marre avant eux.
Est ce que ce sentiment est finalement justifié ? Mon avis à ce sujet dans les prochaines lignes !
– Fat Mike nous fait part des ces problèmes, enfermé dans sa vie de millionnaire, et c’est plutôt lamentable.
Beaucoup ont reproché à Fat Mike d’avoir laissé les textes socio-politiques de côté, au détriment de problèmes plus personnels.
Cet album est assez noir, et le côté sombre était déjà très présent dans le songwriting à l’époque de “First Ditch Effort”, est encore plus dans le projet “Cokie The Clown”.
Est ce que cette remarque peut véritablement être un point négatif valable ?
Beaucoup de gens font de la musique pour eux même, et si c’est personnel et thérapeutique pour celui qui écrit les morceaux, je pense que c’est parce que cette personne en ressent réellement le besoin, tant mieux pour Fat Mike, et il a bien eu raison de le faire.
C’est personnel, noir, et correspond totalement à son état d’esprit puisqu’il a avoué avoir traversé sa première dépression, et être toujours attiré excessivement par certaines drogues…
Le fait qu’il soit millionnaire ne change rien au fait qu’il puisse ressentir des émotions négatives, qu’il puisse continuer à perdre des amis etc.
Alors certes, si vous étiez là uniquement pour l’humour potache et l’engagement politique à 100%, cet album n’est pas fait pour vous, et il sera impossible de vous y retrouver.
Si l’Humain et tout ce qu’il peut traverser en général vous attire, que vous vous intéressez aux autres, que vous appréciez revenir sur votre tristesse, et que vous aimez trouver des choses en commun, parfois dans des petites subtilités présentes entre les lignes, là vous êtes au bon endroit.
Maintenant, qu’est ce que j’arrive à en penser malgré ces critiques, après l’avoir écouté de nombreuses fois…
“The Big Drag” ouvre l’album avec une noirceur assez extrême. L’espoir s’est envolé bien loin, Fat Mike ne croit plus en rien.
Le morceau nous emporte assez facilement dans cette ambiance bien triste avec des parties instrumentales angoissantes et une tension palpable.
“Nothing is ever gonna change, nothing will ever be okay
There’s only a finite number of tomorrows
And it’s not a lot
But it’s all we really got”
A la première écoute, “The big Drag” ne m’avait clairement pas emballé, et je ne trouvais pas ce morceau très intéressant. Aux premiers abords, je trouvais ça vraiment long, et rien n’attirait mon attention. Maintenant c’est tout le contraire, et cette première piste est l’un de mes moments préférés du disque ! “The Big Drag” aurait également pu clôturer l’album !
Plusieurs époques musicales différentes s’entendent dans les morceaux suivants :
“I Love You More Than I Hate Me”, qui aborde une rupture avec une qualité d’écriture bien présente, ( les métaphores astucieuses sont au rendez-vous) me renvoie au son entendu sur “Self Entitled” (2012).
“Birmingham” me fait penser à l’époque punk in drublic, avec un son et une intro qui me rappelle “Fleas”. Si je devais garder un seul morceau, ça serait celui-ci sans hésiter !
Je ne le cache pas, je l’ai écouté en boucle plein de fois à la suite, et je tiens là ce qui est (pour moi) la meilleure chanson de NOFX depuis des années, et oui j’ose aller jusque là ! C’est moins subtil, ça parle de drogues, mais.. ça marche comme sur des roulettes…
« Doors And Fours », avec son rythme moins soutenu, et ses lignes de chant me ramène tout droit à « Wolves In Wolve’s clothing » (2006)
NOFX, dans ces moments peuvent laisser apparaître un manque de créativité, et une inspiration qui laisse à désirer, et ce n’est pas la première fois que cela arrive.
Même si l’efficacité et bien heureusement au rendez-vous assez souvent : le riff d’intro fonctionne plutôt bien, et le refrain à deux voix propose un autre moment fédérateur, et ce dans les dernières minutes de l’album.
Au final, NOFX nous livre un quatorzième album studio qui reste surprenant, dans le sens où les pistes ne se ressemblent pas entre elles, là où l’erreur avait était selon moi commise avec « Self Entitled », à tel point que la confusion ne s’était pas fait attendre.
Personnellement, je suis plutôt réjouis. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde, et les avis sont assez différents et contradictoires :
« Un manque d’inspiration trop important pour créer un bon album » VS « Ils empruntent des chemins musicaux différents qui ne correspondent pas à leur image ».
Je vous invite donc à plonger dans ce « single album » à plusieurs reprises, avant de le juger trop vite, avec ces lignes, vous avez déjà votre nuque mouillée.
Mise à part les sons qui me ramènent au passé, «Fish In a gun Barrel » me rappelle quant à elle que seul NOFX sont capables de me faire aimer le reggae.
« The Last Resort », est la dernière piste de l’album, introduite par Fat Mike toujours aussi pessimiste, avec la voix d’un gars dans un sale état, au bout du rouleau et qui se retrouve seul avec ces mauvaises pensées au petit matin, sans avoir fermé l’oeil « Did you think that because I was so depraved, I needed to be saved? ».
La prise de conscience est explosive puisque le compteur BPM explose, et la suite donne donc un morceau étonnamment speed avec une batterie galopante, qui menace de lâcher à tous moments.
Je peux conclure avec mon ressenti général :
Je suis réconcilié avec NOFX et j’ai réussi à être surpris à nouveau.
J’espère que c’est plutôt bon signe et qu’ils n’attraperont pas le syndrome de Weezer ( faire 1 album de bon sur trois).
En tout cas, si le single album a été composé uniquement à des heures tardives, sous l’emprise d’un tas de produits, un autre album arrive à la fin de l’année, cette fois-ci avec un Fat Mike totalement sobre !
Hâte d’entendre les différences que cela apporte à la créativité !
— Arno