Skeleton Coast // THE LAWRENCE ARMS
LABELS : Epitaph Records //
Ils l’ont fait ! Ils sont revenus !!!!!!!
Non, je ne me suis pas endormi sur la touche de mon clavier.
Après 6 ans d’attente, le nombre de points d’exclamations est encore faible pour exprimer l’effet de
surprise que j’ai ressenti à l’annonce de ce septième album studio.
Nouveau classique ? Album qui exprime un nouveau tournant artistique ? En 6 ans, comment The Lawrence Arms aura évolué ?
Je pourrais utiliser à valeur égale les points d’interrogation. N’est-ce pas ???????
« Quiet Storm » et « PTA » entament le disque.
A l’écoute, mes émotions retransmises sur un clavier azerty pourraient se traduire de la sorte : ?!?!?!?!?!?!?!?!?!?!!!!!!!!!???????????
En effet, le doute est encore là, et mon impatience n’arrive pas encore à s’atténuer, les deux premiers morceaux d’ouverture ayant déjà été dévoilés plusieurs semaines avant la sortie officielle, en guise de « singles ».
Habituellement, j’arrive à faire l’impasse sur les extraits d’albums, préférant écouter l’album une première fois dans son intégralité, mais cette fois-ci j’avais dérogé à la règle pour ce retour très attendu.
Dès l’intro, « Quiet storm » nous fait retomber encore plus loin (2006 très exactement) en nous remémorant ce qu’était « oh Calcutta », et ça c’est une très bonne chose.
Cette piste d’ouverture est un très bon choix, laissant l’honneur à Chris McCaughan de faire résonner
sa voix douce et mélancolique dans un premier refrain marquant :
« There is no past
The future has been cast
Now I’m free to live, at last ».
Avec PTA et « Belly Of The Whale » ; c’est au tour de Brendan Kelly d’apporter sa patte aux mélodies vocales, laissant cette fois ci émerger le côté dévastateur d’un Lawrence Arms qui détruit tout sur son passage. Quand ils sont aussi bien partis, il est difficile de les arrêter. Et quand on vient à peine de démarrer à toute allure sur l’autoroute, les routes de campagne brumeuses viennent vite remplacer le paysage, le tout formant un parcours sinueux, laissant la monotonie sur les bandes d’arrêts d’urgence.
Les deux titres suivants contiennent selon moi le meilleur de Skeleton Coast et le meilleur de ce que peuvent créer les deux personnalités qui se partagent le micro , qui ont l’air parfois de se battre en duel pour le titre du meilleur morceau.
« Dead’s Man’s Coat » pour ses paroles qui arriveront à transporter n’importe qui dans son ambiance morose et dépressive, qui malgré sa tristesse arrive quand même à former chez moi une certaine addiction.
«Pigeon And Spies » pour son refrain qui se révèle être un véritable hymne.
Si il y a bien des phrases que j’imagine scandées en puissance lors d’un concert tardif au FEST c’est définitivement celles-ci :
« I’m tired, and you’re tired too
I wanna make big changes
But I’m not in the mood
And I’m dying, and you’re dying too
All we’ve got in common is
I’m out here killing for two »
La voix de brendan kelly, dans la deuxième partie, part dans les aiguës tout en gardant sa voix éraillée, faisant résonner quelques notes comme si il faisait partie des fauves dont les cris retentissent à plusieurs reprises dans cet album.
« Last Last words » nous livre encore une fois le meilleur de The Lawrence Arms, tout en émotions, avec une phrase « phare » qui sort du lot et le rend si particulier : « Nameless stars rain down on me ».
Nous voilà à la fin de la face A, qui s’est déroulée comme je n’aurais jamais pu le prévoir. Aucun faux pas, et l’efficacité est proposée ici à son maximum.
Nous sommes, à ce point, complètement au-dessus de ce que le groupe pouvait nous proposer à la sortie de « Metropole », l’album précédent.
Quand j’étais plus jeune, je me rappelle que j’écoutais les albums en sélectionnant uniquement celles chantées par Brendan Kelly, bercé par les voix rauques entendus
habituellement dans Guerilla Poubelle, Dear Landlord (et autres groupes No Idea Records)… Je me surprends maintenant à apprécier les deux chants de manière équitable, et cette ouverture musicale personnelle a fait que je me suis replongé par la suite dans le passé du trio de chicago avec un plaisir décuplé.
Nous arrivons à la face B, où selon moi, tout s’essouffle (un chouilla).
Je pense qu’on sera nombreux à préférer la première partie de cet album, la deuxième reste un peu moins remarquable.
On reste avec de bonnes surprises, mais j’apprécie ce qui s’y trouve avec moins de régularité.
En même temps, les titres balancés juste avant étaient tellement parfaits que le reste semble un peu fade, même si ils arrivent largement à me séduire.
Ça me fait un peu la même sensation qu’à l’écoute d’un deuxième album d’un groupe qui a sorti un premier album excellent et faisant l’unanimité : tout est au top, mais forcément, on a l’impression qu’il manque quelque chose.
Je pense que l’ordre de la tracklist aurait pu être construite plus astucieusement, mais ça reste un détail.
La première phrase de « Ghostwriter » inclut le nom de l’album avec le même ton constant, prouvant par son écriture que les côtés sombres, dépressifs et obscurs façonnent bel et bien la personnalité de Skeleton Coast.
« Under Paris » est un autre moment fort.
« Everything is possible, but not for us », ce message pessimiste est véhiculé plusieurs fois, mais à l’image des plus grands albums, on sait très bien que la mélancolie fabrique de jolies choses et est à l’origine des meilleures œuvres artistiques.
Pour conclure, The Lawrence Arms réussit son retour tant attendu et on sait d’avance qu’on pourra attendre pas mal de temps avant d’entendre une quelconque suite, et qu’on aura également l’occasion de travailler sur notre patience avant de les voir sur scène en France…
Mais avec un album si chouette contenant des futurs classiques, qui tourneront en boucle pendant des années, la poussière aura beaucoup moins de chances de tomber sur la
platine.
— Arno