The Unraveling of PUPTHEBAND // PUP
PUP reviennent enfin ! 3 ans après leur dernier album « Morbid Stuff », l’attente paraissait extrêmement longue. « Ressenti 7 ans » plutôt ! Oui, les morceaux qui composaient ce troisième album m’avaient tellement envahi que je refusais d’aller voir ailleurs, et finalement, je connaissais tout par cœur au bout d’un petite semaine. Presque aucune déception depuis leur premier LP en 2013, alors que vaut « The Unraveling Of PupTheBand » ?
L’artwork est coloré. Bien plus coloré que son prédécesseur. C’est aussi bien plus « décalé ».
Le groupe a toujours assumé cette facette, mais son esprit semble divisé en deux plus que jamais.
Avec un contenu satirique bien présent, grâce à un humour loufoque assumé mais aussi des textes bien plus tranchés, mélancoliques et révélant des angoisses quotidiennes, « The Unraveling Of PupTheBand » dévoile sa richesse au fil des morceaux. Les trois parties de « Four Chords » annoncent bien la couleur, du moins une partie des couleurs qui seront présentes ici, notamment avec l’intro et ses quelques phrases, et un Stefan Babcock qui nous offre un de ses premiers morceaux au piano alors qu’il est encore en plein apprentissage : « All your friends, they hate my guts. They only listen to noise-punk or nothing, and they haven’t listen to any new music since college. »
Si Pup arrive à se retrouver dans l’espace dans le clip de « Tottaly Fine », c’est bien évidemment beaucoup plus difficile d’y accéder dans la réalité. Et Stefan avait bien les pieds sur terre lors de l’écriture de ce texte, même si j’ai toujours l’impression qu’il n’est pas tout à fait humain à entendre ses capacités à pondre de manière systématique des mélodies originales et accrocheuses : « Lately I’ve started to feel like I’m slowly dying, and if I’m being real I don’t even mind. I was holding back cause I just couldn’t decide whether I’m at my worst or I’m totally fine ».
Le réel est sombre, et Pup sait très bien comment s’exprimer à ce sujet, de manière beaucoup plus sérieuse. Le morceau alterne entre des passages très énervés avec des sonorités pouvant se retrouver dans les compositions les plus hardcore du groupe comme « DVP », « Old Wounds » et « Full Blow Meltdown » dans ses couplets et ses sons guitares, mais offre aussi un passage bien plus calme qui s’immisce dans cette ambiance à la perfection.
« Robot Writes a love song » et « Matilda » s’enchainent. BON, c’est vraiment très bon, mais je m’interroge sur le choix de la tracklist et donc sur le fait d’enchainer tous les singles dès la première partie de cet album… La première, comme son nom l’indique, raconte une histoire de la perspective d’un robot, tandis que la seconde fait parler une guitare laissée à l’abandon.
On pourrait avoir tendance à ramener ça à cet humour loufoque, que je décrivais un peu plus haut, mais ici il n’en est rien. PUP s’est toujours intéressé aux relations humaines et à tout ce qui en découle, mais choisi ici de s’arrêter sur les sentiments du vivant sous d’autres formes.
Si Stefan peut être presque réduit à l’état d’objet comme on l’entendait dans Totally Fine « I don’t eat, I don’t sleep, I don’t do anything », alors à l’inverse, les objets peuvent très bien s’animer et prendre vie : « It’s too late to save us now, and oh, as we hit the rumble strips and the crusher it starts closing in, why is love so dangerous? It’s so dangerous ».
On peut également entendre dans Matilda « You pick up your other and you strum away. I listen from the other room, try to pull you out of tune. Thought I was everything you need. Thought at least you’d want to see it through ». Utiliser la fiction pour mieux dépeindre le réel, attirer notre attention sur des choses moins perceptibles aux premiers abords, et amener nos émotions là où elles n’ont pas l’habitude d’aller pour faire vibrer la corde sensible, voilà en quoi PUP est expert.
En plus des textes, l’émotivité du groupe entier se ressent dans chaque partie instrumentale tout au long de l’album, avec une basse très énergique, des parties de guitares lead très parlantes et touchantes et un jeu de batterie nuancé. A ce stade de l’album, on entend bien que PUP passe de plus en plus à un registre Indie-rock, avec des passages plus «posés » qui sont bien plus nombreux qu’auparavant. On pourrait presque croire à un apaisement, mais PUP continue à nous offrir cette rage constante à travers un rythme et un tempo incertain, comme dans l’excellente « Relentless ».
« Waiting », quant à elle, nous propose plus de férocité, et ravira tous les fans de la première heure.
Oui, malgré des compositions plus riches, PUP n’a rien oublié depuis ses débuts et démontre tout au long de « The unraveling Of PupThe Band » qu’ils excellent à tous les niveaux, peu importe l’interprétation choisie.
Par la suite, il est difficile de ne pas être surpris par l’utilisation du Synthé dans « Habits », avec une intro et une outro assez surprenante. Je crois que pour le coup, les vibes à la Weezer viennent un peu sauver une tentative un poil trop risquée ! « Cutting Off The Corners », est totalement pop, et propose une rupture assez marquée, à l’image d’anciens titres comme « Pine Point » et « City » qui venaient clôturer par habitudes les anciens albums.
Ici ce n’est pas encore terminé, mais « Grim Reaping » n’arrive pas à attirer mon attention autant que le reste, même si je crois que c’est la première fois que j’entends des cuivres sur un album de PUP !
La fin est finalement marquée par « PUPTHEBAND Inc. Is Filing For Bankruptcy », avec ses riffs aliénants, dans laquelle Stefan revient sur le parcours de PUP avec de multiples références aux morceaux précédents, et surtout avec une autodérision assez poussée :
« I’m truly grateful for the life that I’ve led, I’m just being dramatic.
And failing upwards again, I might pull it off, If I don’t fuck this up before it pays off ».
On remercie les sponsors, et on se casse !
Pour résumer, « The Unraveling Of PUPTHEBAND » peut repousser à la première écoute, comme chaque groupe qui innove. Par la suite, ces 12 morceaux dévoilent un potentiel énorme.
C’est rafraichissant, et je pense qu’il aurait été impossible pour PUP de continuer à attirer autant notre attention sans prendre cette direction, qui était pour le coup, assez inattendue.
Les mélodies proposées ici sont toujours d’une grande qualité, mais parfois interprétées d’une manière complétement différente. Mais je vous jure, ça leur va à ravir !!
C’est quand même un quatrième album, et jusque-là, c’est un sans-faute, je tiens à le souligner…
— Arno